INTERVIEW HÉLÈNE DE FOUGEROLLES : « Rien n'arrive par hasard … »  27 January 2024, Nicole Korchia

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« J'ESSAIE DE VOIR LE POSITIF EN TOUT »

Le temps d'une interview, nous avons rencontré Hélène de Fougerolles que l'on retrouve dans la série Sam, chaque lundi à 20h50 sur TF1.



Après Mathilde Seigner et Natacha Lindinger, vous avez repris le rôle culte de la série « Sam ». Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette aventure ?
C'est une grande chance d'avoir à jouer une femme libre de ses pensées et de ses actes, sexy sans faire express, drôle, anticonformiste, politiquement incorrecte, un peu égoïste parfois, mais tellement touchante en même temps. Après le Capitaine Bach de la série Balthazar, je rêvais d'un personnage récurrent, sans être attirée par les univers de médecins ou d'avocats que l'on me proposait. Incarner une prof qui se retrouve à la campagne, avec une troupe d'acteurs géniaux, c'était comme être en colonie de vacances avec des personnes qui n'ont pas d'ego. C'était un cadeau !



Est-ce compliqué de jouer un rôle qui a déjà été incarné par d'autres comédiennes ?
Oui et je ne m'en rendais pas compte à quel point. Parce que c'est un personnage qui a déjà une façon d'être, de parler, de marcher et cela ne m'était jamais arrivé de devoir entrer dans la peau de quelqu'un si éloigné de moi sans pouvoir proposer quelque chose de personnel.  Sam n'est jamais émotive, alors que moi je suis la personne la plus émotive du monde. Je mets les formes, j'ai beaucoup d'empathie, et Sam est cash. Cela m'a pris quelques jours pour m'adapter, et ensuite j'ai vécu un tournage de rêve.



Avec des rôles forts au cinéma et à la télévision, vous êtes une actrice qui compte dans le coeur de spectateurs.
Je suis toujours surprise lorsqu'on me dit que je suis populaire et aimée du public, car je n'en ai pas conscience. Les gens viennent à moi, me parlent, m'écrivent sur les réseaux, mais je ne sais pas si c'est différent des autres comédiennes. Et puis je vis normalement. Je prends le métro sans que l'on m'aborde. Dans le Luberon où j'habite, je me balade, je fais mes courses et lorsque l'on me reconnaît, je reçois des sourires et des regards bienveillants.

Admirez-vous particulièrement une personnalité ?
On est forcément inspiré par des artistes et il y a plein de gens que j'aime, mais la liste est trop longue ! (Sourire) J'ai de l'admiration pour Brigitte Bardot qui a été précurseur d'une façon de concevoir la cause animale avec plus de respect et d'attention.



Vous avez joué avec les plus grands, même avec Leonardo DiCaprio, alors qu'à l'école, on vous disait que vous ne feriez rien de bien plus tard…
La scolarité ne m'a pas épanouie, parce qu'on vous demande de rentrer dans une case, en vous faisant croire que c'est la seule qui existe. Je n'y arrivais pas, car je n'étais sans doute pas conforme à ce qu'on avait décidé d'appeler l'intelligence. Moi j'ai une intelligence émotionnelle. Je ressens les choses. J'ai la faculté instinctive de repérer les émotions des gens, mais devant un théorème mathématique je suis perdue. (Sourire) Plus qu'une revanche, je crois que c'est une inspiration pour les personnes qui se sentent à l'écart…



Vous revendiquez le droit à la différence…
Quand je regarde ma fille qui a une forme d'autisme, je me dis que c'est peut-être génial de ne pas être comme tout le monde. J'ai l'impression qu'on passe notre temps à essayer de correspondre à ce que l'on nous demande, alors que chacun est unique. Et quel bonheur, quelle richesse ! Aujourd'hui il y a un effondrement de tous les clichés de croyances. Est-ce qu'être heureux c'est forcément gagner plein d'argent, être un footballeur, un influenceur ? Et qu'est-ce que la réussite ? Ces derniers temps j'ai remis beaucoup de choses en question. Je vis à la campagne sans forcément beaucoup d'argent. Je fais mon potager… Les cartes sont en train d'être rejouées.

Quelles sont les petites choses qui vous rendent heureuse ?
Tout à l'heure je prenais du plaisir à regarder un insecte butiner. Etre capable de vivre cet instant présent à 100 % est précieux. Je me suis rencontrée en étant dans la nature, alors qu'en ville je vivais plutôt dans une course vers l'après. Dans le Luberon, je me régale à être dans la contemplation. Il y a quelques minutes, au risque de passer pour une folle, je cueillais mes olives et je remerciais mon olivier pour cette bonne huile, que je vais grâce à lui savourer toute l'année. (Sourire) Cette connexion simple avec ce qui m'entoure me remplit. C'est en adéquation avec ce que je suis aujourd'hui et ce que je ressens. J'ai vraiment trouvé ma place ici.



Vous aimez aussi beaucoup l'Ile Maurice… 
J'y suis allée l'hiver pendant 10 ans, souvent au Royal Palm avec ma fille. J'adore cet endroit, les iles, la mer chaude, la nourriture, la musique l'environnement dépaysant. J'ai d'ailleurs failli m'y installer. J'y ai tourné le film « Trop jeune pour toi » et c'était le meilleur tournage de ma vie. Chaque matin je m'extasiais. J'aime terminer l'année au soleil : Bali, Thaïlande, Guadeloupe, Costa Rica… Mais je fais attention désormais à ne pas trop prendre l'avion.



Dans votre livre « T'inquiète pas maman, ça va aller » (éditions Fayard), vous vous confiez sans filtre sur votre parcours et celui de votre fille. Etait-ce une envie de rendez-vous plus vrai avec le public ?
Cela me fait sourire lorsqu'on me demande si j'ai écrit ce livre pour le public, car bizarrement ce n'était pas pour qu'on le lise. Au départ j'ai rempli des pages pour m'alléger de toute la colère, la frustration et la tristesse que j'avais en moi. C'était un déversoir ! J'y raconte mon aventure avec ma fille, les 10 années passées à me battre dans l'incompréhension d'un système, à me sentir démunie, avant de réaliser ma chance d'avoir une gamine différente, qui évolue avec une autre façon de voir. Il y a eu des difficultés c'est vrai, et en même temps des choses drôles, de la joie, des hauts, des bas… la vie quoi ! Je ne remercierai jamais assez mon éditrice qui m'a portée pour finaliser ce livre qui a aidé des personnes dans la même situation que moi.

Avec votre côté lumineux, on ne devine pas ce que vous avez traversé.
Je ne joue pas un jeu, vraiment. Je suis réellement très joyeuse, avec en moi une espèce de positivité à toute épreuve qui m'aide à tout dépasser !



Et maman dans tout ça c'est votre plus beau rôle ?
Disons que ce n'est pas un rôle du tout. Parce qu'un rôle on peut l'arrêter ! (Rires) Là c'est ma vie. La maternité est un sacré miroir pour apprendre à se connaitre. Je trouve qu'on nous la survend un peu en nous disant qu'avoir un enfant c'est l'épanouissement. Mais il faudrait moduler légèrement le discours, car même lorsque cela se passe bien, c'est difficile émotionnellement et psychologiquement de savoir qu'on est responsable de quelqu'un pour toujours, et qu'on assistera à son bonheur ou son malheur. Je crois que c'est une aventure incroyable et sans doute la grande aventure de ma vie, mais certainement pas un rôle.

Au quotidien, vous êtes une super maman.
Ma fille a 20 ans aujourd'hui, elle est merveilleuse, mais je sais que j'aurai une enfant toute ma vie. C'est moi qui lui fait ses shampoings, qui lui beurre ses tartines… C'est un vrai engagement, même s'il y a aussi beaucoup de moments formidables. On rit beaucoup ensemble. C'est très poétique de vivre avec une fille comme la mienne, très sensible et émotive. Je mets tout mon amour dans mes gestes pour l'accompagner. Je me réadapte en permanence à toutes les situations. Et je vois grâce à elle à quel point je suis capable de donner, mais parce que c'est ma fille. Je serais incapable de le faire pour quelqu'un d'autre. J'ai d'ailleurs un profond respect pour les soignants.



Vous vous intéressez beaucoup à l'hypnose.
Oui je pratique l'autohypnose et j'entraîne mon entourage dans des petites séances qui ressemblent à de la méditation. On ferme les yeux, on se focalise sur les sens et on entre dans une sorte de communication intérieure. J'adore ça et cela a été une révélation, qui m'a menée vers d'autres découvertes comme le Reiki et les approches énergétiques invisibles. Cela m'a ouvert sur une manière de penser qui souligne que tout est possible. Chaque jour j'essaie de voir le côté positif de tout. A travers mon livre j'ai le sentiment d'avoir réussi à donner des clés, une façon d'appréhender l'existence, de changer son angle de vue, afin de choisir ce que nous voulons retenir de ce qui nous arrive, pour mieux avancer. Chaque épreuve nous apprend quelque chose sur nous, et je crois que rien n'arrive par hasard...

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