MIEUX QU'UN BEST OF, 30 ANS DE HITS EN LIVE !
Entre deux concerts, le prolifique auteur-compositeur interprète a répondu à nos questions.
D'une tournée à l'autre, te voilà à nouveau sur les routes.
Oui. Cette fois nous 6 sur scène dans des salles de 2000 à 2500 personnes, plus intimes que pour la tournée précédente « 30 ans de succès ». J'ai modifié la moitié du répertoire et je rechante des chansons que j'aime beaucoup comme Rosa, l'Atlantique, Ce qu'on voit allée Rimbaud, les Fleurs du Bien… L'esprit est vraiment : le rebirth of the cool, avec des ballades et une influence jazz. Et je suis heureux de retrouver sur scène Fred Nardin et Max Pinto, les musiciens de mon album « l'Archipel des Séquelles » (et du précédent).
Quelques mots sur ce nouvel opus…
J'avais pensé à l'appeler « Correspondances », parce que c'est un album riche de 8 duos (sur 10 titres) avec des artistes féminines inspirantes : Zazie, Anne Sila, Nolwenn Leroy, Elodie Frégé, Isabelle Boulay, Sharon Laloum qui joue Myriam dans la nouvelle troupe des 10 Commandements, Nawel Ben Kraïem, une jeune artiste tunisienne… Ce sont des amitiés, des rencontres, des liens artistiques…Le premier extrait est « Son âme d'enfant », chanté avec Carla Bruni qui a écrit deux textes de l'album.
En assistant à tes concerts on est chaque fois impressionnés par le défilé de tubes…
Peut-être parce que je n'ai jamais arrêté de travailler ! J'avais pensé ce concert comme une compilation de chansons que j'ai composées pour moi ou pour d'autres artistes. Et je me suis entouré des musiciens issus du jazz, avec lesquels on a réalisé plusieurs albums, dont « Le beau qui pleut ». Ils ont une telle qualité de technicité, que ça upgrade les chansons en leur donnant une effervescence incroyable.
Justement au fil du temps tu as libéré le show man qui sommeillait…
Je crois que j'ai eu le trac les cinq premières années. Mais depuis, je le rejette totalement car je suis un ennemi de cette souffrance. Je sais que j'ai des imperfections mais ces maladresses font finalement le charme d'un concert. En faisant redécouvrir les chansons j'aime parler aux gens, créer une complicité, m'amuser…
Si épanoui, les regrets de ne pas être un chanteur de rock semblent derrière toi…
Il y a ce qu'on écoute, ce qu'on aime et ce qu'on est ! Moi, je suis une espèce d'hybride entre un mec qui est fou de rock et de pop, mais qui sort son côté lover dès qu'il se met à composer. Et c'est ce qui m'équilibre. Par chance, avec le temps, on commence à être un peu plus intelligent ! (Sourire) Parce que lorsqu'on est jeune et quand on a beaucoup de succès, on est dans un TGV à grande vitesse ! C'est comme en amour, on est anesthésié sans temps de réflexion. Mon répertoire c'est 95 % de chansons d'amour pour les femmes. C'est mon créneau naturel. Et la mélancolie c'est un peu mon coeur de métier S'il n'y a pas un début de larmes, le coeur qui se soulève, ce n'est pas pour moi ! (Rires). Mais à mes débuts j'ai lutté contre. C'était bête parce que faire des chansons douces, touchantes, émouvantes, c'est formidable ! Le public féminin est le meilleur public, et je suis très heureux qu'il soit toujours dans les salles.
Une de tes dernières chansons dit : « j'étais pas fait pour le bonheur et puis voilà », alors quelles sont ces petites choses qui te rendent heureux ?
Au fond la réponse est dans le texte, « voilà soudain que le bonheur est fait pour moi… », il faut profiter ! J'ai eu 60 ans et monter sur scène, chanter cette chanson et voir les gens danser dès l'intro, c'est fantastique ! La peinture me transporte aussi.
Et puis il y a tous ces moments simples, chez moi au Cap Ferret. Ecouter de la musique, entendre les oiseaux, voir les premières tomates du potager…
Tu as lancé ton application : Obispo All Access. Comment la décrire ?
C'est un concept totalement fou et libre, très éloigné d'un système qui t'impose une cadence : studio-album-promo-tournée. Il y a 3 ans j'ai réalisé que 10 ans plus tard, j'aurais sorti seulement 3 albums de plus, alors qu'à ce jour j'en ai publié 75 sur cette plateforme ! Donc, ma démarche, c'est d'abord de faire plaisir aux aficionados puis, évidemment, me libérer en tant que musicien. Ne plus avoir aucune limite de style et faire des albums de jazz, d'électro, de reggae, de reprises de Serge Gainsbourg, Michel Jonaz, Claude François, Téléphone, Jacques Brel… C'est le début de ce que j'appelle la « Fanthologie » !
C'est presqu'un hommage à la chanson française.
Tout à fait, telle que je la ressens et que je l'ai aimée. J'avais envie de mettre en avant des chansons qui m'ont accompagnées, en les interprétant et en collaborant avec d'autres producteurs. Cela représente 1200 titres que je réenregistre, soit 56 albums. Il y en a déjà une vingtaine sur Obispo All Access que je complète chaque semaine. C'est un travail démesuré, mais tellement enrichissant. Je le fais parce que je suis amoureux de la chanson française. Et puis il y a des vidéos, des concerts, mes premières maquettes, des interviews non formatées d'autres artistes. Le tout dans une forme de liberté à toute épreuve. L'appli est sur abonnement et sans parler d'argent, ça coûte chaque mois le prix d'une crêpe au chocolat ! (Sourire)
Et tu as des milliers d'abonnés… Aurais tu endossé un nouveau rôle d'entrepreneur ?
Tu sais je suis mon propre mécène parce que je produis beaucoup trop pour avoir une forme de rentabilité. D'ailleurs ma comptable s'arrache les cheveux ! Pour l'instant, mon seul objectif est de fabriquer le plus possible de contenu. Alors que les abonnements me permettent d'enregistrer 4 ou 5 albums par an, j'en fais entre 10 et 15 ! Je suis à perte total et je suis un très mauvais entrepreneur, puisque je ne fais que dépenser pour produire, mais avec tellement de bonheur… Je me régale... Et peut-être qu'un jour, ces albums iront sur les plateformes classiques.
©Dominique Gau
Serais-tu un insatiable curieux qui aimerait avoir mille vies ?
Mon vrai problème, comme le disait Georges Lucas, c'est que je n'aurais pas assez d'une vie pour développer tous les projets, et toutes les idées que j'ai dans la tête. Il faut savoir prendre le plaisir là où il est, et je suis dans une philosophie de vie où je fais le plus possible ce que je veux. Je ne suis plus dans la compétition. Je ne cherche pas à être au service du plus grand nombre, mais à être au service du plus grand soi et du meilleur soi. (Sourire) Et je remplie des listes…
Comme remonter « Les 10 commandements ».
Ce n'était pas prémédité, mais en croisant le producteur Albert Cohen lors du concert hommage à Daniel Levi, c'est venu comme une évidence. 23 ans après, c'est un autre spectacle avec une mise en scène portée par des images fantastiques, des chorégraphies et une nouvelle troupe de chanteurs au niveau vocal extraordinaire. C'est si beau qu'on se croirait au cinéma !
Autre corde à ton arc, tu peins et tu exposes. Quel a été le déclencheur ?
C'est venu d'un besoin viscéral de trouver des échappatoires aux problèmes de la vie. J'ai commencé en 2018 par des collages de photos, et puis j'ai rencontré un artiste qui m'a encouragé et amené à la peinture. J'ai débuté par des petites toiles et j'ai découvert l'art thérapie qui t'amène une sorte de satisfaction et de bien-être. Puis, j'ai tiré le fil de toile en toile, passant du piano aux tableaux. J'en expose certains au Musée Mer Marine de Bordeaux. Norbert Fradin, son directeur m'a motivé et ouvert une salle de 1600 m2. L'accueil a été fantastique. Je prépare aussi un livre photo avec des toiles et des entretiens.
En référence à ta chanson, Ma liberté de penser, Quelles sont tes libertés les plus précieuses ?
C'est ma liberté d'expression et de production, dans la peinture et dans la musique. Je suis un chercheur, un explorateur, j'expérimente. Mais c'est surtout grâce au public que je suis devenu libre. C'est grâce à la correspondance qu'on a tissée, grâce aux gens qui me suivent et pas seulement grâce à moi. C'est pour cela que j'essaie d'être reconnaissant en étant généreux dans mes productions…